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Connaissez-vous les sept dernières paroles du Christ, celles qu’il aurait prononcées sur la Croix ? Et saviez-vous qu’elles ont inspiré de grands auteurs et compositeurs anciens mais aussi contemporains? 

Les quatre évangélistes mentionnent plusieurs paroles qui auraient été prononcées par Jésus sur la croix. Si Marc et Mathieu n’attribuent au Christ que la sentence « Éli, Éli, lema sabactani ? » (Mt 27, 46 ; Mc 15, 34), inspirée du Psaume (21) 22, 2, Luc et Jean font parler et même converser Jésus notamment avec les deux larrons, Jean et sa mère.

Dans un ordre chronologique, discutable sachant que l’attribution de ces paroles à Jésus porte à interprétation, celui-ci aurait donc dit : 

1. “Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font” (Luc 23, 34)
2. “En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu sera avec moi dans le paradis” s’adressant au bon larron (Luc 23,43)
3. “Femme, voici ton fils, (…)Voici ta mère” s’adressant tour à tour à sa mère et à Jean, le disciple qu’il aimait (Jn 19, 26-27)
4. “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?” (voir ci-dessus)
5. “J’ai soif” (Jn 19, 28)  
6. “Tout est achevé” (Jn 19,30)
7. “Père, entre tes mains, je remets mon esprit” (Luc 23, 46) inspiré du Psaume (30) 31, 6

Une catéchèse incarnée 

Dans cet ordre, nous commençons par une supplique au Père pour terminer par un mouvement de remise de soi totale à son Amour. Ce sont des paroles d’accomplissement. Sachant toutefois que la crucifixion entraîne la mort par asphyxie, déterminer si ces paroles ont bien été prononcées par le Christ reste historiquement de l’ordre de l’indécidable selon les termes du théologien protestant Daniel Marguerat (1).

Cela n’enlève toutefois aucune force à cette véritable catéchèse incarnée, comme l’écrit Jérôme Prigent (2), où dans la remise du souffle s’exprime et se révèle qui est vraiment le Christ pour la foi. Voilà notamment pourquoi les franciscains ont fait reposer une dévotion particulière sur ces sept paroles au 13e siècle. Au Moyen Age, un rapprochement assez naturel fut fait avec les sept plaies du Christ et les sept péchés capitaux, que ces dernières paroles christiques venaient guérir.

Des paroles mises en musique 

A partir du 17e siècle, les compositeurs classiques s’emparent de ce thème et le plus grand-chef d’oeuvre sera probablement la partition “Les Sept Dernières Paroles de Notre Sauveur sur la Croix” (1786) de Joseph Haydn, commandée par une église de Cadix pour le Vendredi Saint. Au 19e siècle, c’est l’école post-romantique française qui se saisit du sujet avec Charles Gounod mais aussi le compositeur liégeois César Franck (1822-1890) dont l’oeuvre est marquée par une grande profondeur mystique (Les sept paroles du Christ en croix).

Dans un registre plus populaire et contemporain, citons aussi l’orchestration de Taizé autour de la septième parole “In manus tuas, Pater”. Signalons encore, dans le domaine littéraire cette fois, l’ouvrage de l’auteure belge à succès Amélie Nothomb qui a intitulé son 28e roman “Soif” (2019) où elle s’intéresse aux derniers moments de Jésus. « Tous les livres que j’ai écrits avant celui-ci, confiait-elle sur l’antenne de France Culture, étaient des exercices de musculation destinés à m’entraîner à écrire ce livre. Il y avait préméditation, je savais que je voulais écrire mon livre sur Jésus, que c’était ce qui m’importait.”

(1) “Jésus, une vie”, Seuil, Paris, 2019
(2) dans “Jésus l’encyclopédie”, Albin Michel, 2017

Texte: Sophie DELHALLE