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Le mardi 27 février, les acteurs pastoraux du diocèse se sont retrouvés au sanctuaire Notre Dame – la Vierge des Pauvres de Banneux pour écouter Hilde Kieboom, présidente de Sant’Egidio Belgique. 

Après une brève présentation de son parcours et de son pédigrée par Mgr Delville, Hilde Kieboom, qui a importé la communauté de Sant’Egidio en Belgique en 1985, a souhaité commencer cette journée de récollection par une méditation sur la paix, notre “grand bien commun”, “notre maison commune”. Une rencontre qui se tenait très symboliquement à Banneux, un “lieu qui parle à beaucoup de monde, où l’on vient chercher réconciliation et paix” a exprimé la présidente de Sant’Egidio Belgique.

Un slogan malmené

La paix, c’est le grand défi du monde, de notre génération et des chrétiens en particulier” développe Hilde Kieboom. Elle fait partie de l’ADN de la construction européenne, d’où le choc subi lors de l’éclatement du conflit entre la Russie et l’Ukraine il y a tout juste deux ans. Une guerre qui oppose deux peuples chrétiens, souligne l’oratrice. Le spectre de la guerre a donc refait surface sur un continent qui croyait l’avoir éloigné pour toujours avec le slogan “Plus jamais ça!” 

Mère de toutes les pauvretés

Hilde Kieboom nous plonge ensuite dans l’évangile de Jean pour introduire la question de la lecture des signes du temps et cette tentation qui nous guette de fermer les yeux face à une actualité qui nous sidère. “On peut vivre dans nos sacristies, dans nos cercles, et se dire que c’est trop atroce” pour pouvoir y changer quoi que ce soit. Mais on peut aussi se rappeler que la guerre est la “mère de toutes les pauvretés”.

Elle provoque notamment ces vagues de migrations auxquelles certains répondent en construisant des murs. Or les migrants sont une alarme qui doit nous rappeler que nous ne disposons pas tous des mêmes chances, souligne Hilde Kieboom. L’Eglise catholique est une grande famille où nous appelons frères les Congolais, les Indonésiens, … et chacun aspire légitimement au bonheur. “Le bonheur, c’est un pain qui se mange ensemble, tout seul, c’est moins bon” affirme encore l’oratrice. 


Isabelle Vanceulebroek et François Delooz, les deux responsables de la communauté de Sant’Egidio à Liège, ont accueilli la présidente nationale, Hilde Kieboom. (c) Sophie DELHALLE

“La paix nous concerne tous” 

Elle revient alors sur les déclarations des différents papes du 20e siècle concernant la paix et la guerre. Benoît XV qui règna pendant le premier conflit mondial qualifiait la guerre de massacre inutile. Au début des années 1960, aux premières heures de la guerre froide, Jean XXIII publie “Pacem in Terris”. Quelques années plus tard, en 1968, Paul VI dédie la journée du premier janvier à la paix. Ayant vécu sous la dictature communiste, Jean-Paul II comparait la paix à un chantier ouvert à tout homme et toute femme. Notre pape actuel a choisi de placer son pontificat sous l’aura d’un saint qui a franchi les frontières terrestres et spirituelles pour dialoguer avec le Sultan.

Le pape François ne choisit pas de camp, il choisit la paix. Et nous encourage à être des artisans de paix. “La paix nous concerne tous, c’est un travail de longue haleine” notamment parce que les conséquences d’une guerre s’inscrivent dans le long terme, sur plusieurs générations. Tout au long du siècle passé et aujourd’hui encore, les papes ont ainsi essayé de d’éveiller les croyants à la nécessité de la paix. 

Gare aux faux prophètes

Par son intervention, Hilde Kieboom a voulu éclairer ce lien étroit qui existe entre ce grand besoin de paix dans notre monde déchiré par les guerres et notre volonté de conversion pendant la période du carême. Etre chrétien, c’est vivre la fraternité avec ceux que je ne connais pas, personne ne se sauve tout seul, comme l’a exprimé le pape François, en pleine pandémie, sur la place Saint-Pierre, nous sommes tous dans le même bateau.

On ne peut pas penser le bonheur de manière locale ni exclusive, souligne encore la présidente de Sant’Egidio qui termine sa conférence par un extrait de l’évangile de Matthieu (24, 6-12) : Jésus nous met en garde contre les faux prophètes qui se dresseront dans les temps troublés, ceux qui nous susurrent à l’oreille de penser plus à nous, de nous protéger des autres perçus comme autant de menaces, commente Hilde Kieboom.


Durant la célébration de la réconciliation, chaque fidèle était invité à déposer quelques grains de blé, reçus d’un prêtre, sur la croix de Taizé posée devant l’autel. (c) Sophie DELHALLE

L’arme de la prière 

En cette époque que nous traversons, comparable à celle décrite dans l’extrait biblique, notre conscience est mise à rude épreuve, et nous pourrions aisément, face à l’ampleur du mal, nous décourager et laisser notre charité se refroidir. Que faire ? Jésus nous indique le chemin, un chemin de liberté et de persévérance où chacun se sent concerné par le sort de l’autre. Pour nous aider, la prière peut être une arme, un moyen de révolte, la prière protège le monde car Jésus exauce les prières prononcées avec foi. Mais Dieu trouvera-t-il cette foi sur terre ? 

Après cette première partie, les participants ont vécu une célébration autour de la thématique du grain de blé, lors de laquelle ils ont pu recevoir le sacrement de la réconciliation.  

Après la pause de midi, Hilde Kieboom a repris la parole pour développer les pistes concrètes pour être un artisan de paix : créer des ponts entre les bulles individuelles ;  parler aux jeunes et leur annoncer l’évangile, pour assurer un avenir à l’Eglise ; découvrir les qualités et la disponibilité qu’offrent les personnes âgées ; restaurer nos propres forces en aidant les plus faibles ; être les sources où l’eau ne s’arrête jamais.

Texte: Sophie DELHALLE