Du 12 au 31 janvier, la cathédrale de Liège accueille les icônes de Jean-Marc Vingerhoets, oblat de Chevetogne. Depuis plus de quarante ans, l’artiste (ou plutôt l’artisan) originaire de Jupille perfectionne sa technique pour le plus grand plaisir des yeux.
En ce jeudi 11 janvier, le froid polaire a franchi les portes de la cathédrale de Liège. Bonnet sur la tête, gros pull en laine et chaussures de randonnée aux pieds, Jean-Marc Vingerhoets s’affaire autour de ses icônes dont il assure lui-même l’installation. Il a accepté d’interrompre son travail pour répondre à quelques questions, sur sa vie, sa foi, ses œuvres.
Coup de foudre
Si c’est dans les milieux de gauche qu’il découvre l’humanisme, c’est lors d’une retraite à Wavreumont – alors qu’il est professeur d’éducation physique dans l’enseignement catholique – qu’il rencontre “le Christ lumière” selon ses propres mots. Après cette révélation, il enchaîne les retraites pour approfondir et nourrir sa foi. Il sera confirmé par Mgr Van Zuylen en 1984 à l’aube de la trentaine. Fin des années 1980, il intègre l’atelier d’icônes d’Annette Godechal et, dès la première séance, Jean-Marc “accroche”. La deuxième séance confirmera ce goût naissant.
Lumière divine
Lui qui ne se savait pas artiste et ne s’est jamais intéressé à l’art découvre avec délectation la technique et les multiples conventions de la peinture d’icônes, il ira également se former à l’école de Meudon. Loin de se sentir bridé dans cet art codifié, il affirme jouir d’une très grande liberté. Jean-Marc a traité près de 70 thèmes, personnages et fêtes. Peindre des icônes invite par ailleurs Jean-Marc à rouvrir sa Bible. “Toute représentation dans une icône est un visage transfiguré. Une icône, c’est un personnage ou une scène qui baigne dans la lumière divine“.
C’est pourquoi Jean-Marc a choisi de travailler la dorure, alors que l’art de l’icône autorise également le blanc ou l’ocre jaune comme teinte de “fond”. “J’ai choisi de suivre la tradition, je travaille la dorure à l’eau, mais chaque doreur a sa propre technique“. A ceux qui lui reprochent de faire trop briller l’or sur ses icônes, Jean-Marc répond avec une citation : “On ne voit bien Dieu que dans un miroir“.
Entre 1996 et 2006, ses œuvres circulent en Belgique mais aussi en France. Sa monumentale iconostase a aujourd’hui trouvé refuge chez les frères de Saint-Jean à Banneux. Quand il a commencé à peindre des icônes, Jean-Marc a multiplié ses visites à Chevetogne dont il est désormais oblat. “Cela signifie que j’ai un lien spirituel étroit avec le monastère. Cela ne m’apporte rien et tout à la fois.“
Toujours mieux
Fier de s’inscrire dans la lignée de ses prédécesseurs, Jean-Marc se définit plus volontiers comme “un artisan qui achève son icône en artiste”. Il n’a pas de préférence et se réfère aux ‘podninnik’ (modèles) de toutes les traditions. “Je m’inscris dans une filiation qui dure depuis plus de 1000 ans“. Sur son bureau, dans sa “cellule”, trône un Noé qu’il a hésité à exposer à la cathédrale.
“Une icône, c’est un personnage ou une scène baignée dans le lumière divine” explique Jean-Marc Vingerhoets (c) Sophie DELHALLE
Quels sont les ingrédients d’une icône? “Des pigments, un liant, moi j’utilise du jaune d’oeuf, et de l’eau pour allonger.” Combien de temps lui faut-il pour réaliser une icône ? “Entre une demi-journée et 15 ans” répond-il avec un large sourire. Car l’icône autorise le repentir et Jean-Marc ne s’en prive pas. “Peindre une icône, c’est toujours chercher à faire mieux“. Sur son ordinateur, plus de 30 000 clichés d’icônes pêchés sur le net et dont il pourra s’inspirer dans le futur. Des œuvres personnelles qui ont ou seront aussi nourries par ses lectures spirituelles, sa vie de père et de grand-père et aussi peut-être sa passion pour le cinéma. Il est également homme à suivre l’actualité et porte très régulièrement la souffrance de monde dans sa prière.
Pour découvrir les oeuvres de Jean-Marc Vingerhoets, rendez-vous à la cathédrale de Liège, du 12 au 31 janvier de 10h à 17h. Entrée libre.
Texte: Sophie DELHALLE