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Dans notre diocèse, saint Antoine est fêté de manière très gourmande et parfois surprenante. Partons à la découverte de traditions locales bien vivantes à Verviers, Blehen (Hannut) et Nonceveux (Remouchamps). 

Photo de couverture : Les membres de la Confrérie de Saint-Antoine de Blehen en 2020 (DR)

Au mois de janvier, tant en Flandre qu’en Wallonie, certaines localités continuent d’honorer Saint-Antoine l’Ermite, mieux connu sous le nom de Saint-Antoine au cochon. C’est le cas à Blehen, Nonceveux et Verviers. Et comme bien souvent, ces traditions locales ont de quoi ravir les gourmands ! Et, pour les non-initiés, de quoi aussi surprendre. 

A Blehen, des têtes de cochons aux enchères

Les fêtes de la Saint-Antoine à Blehen se déploient en une procession de la statue en chêne polychrome datant du 16 ème siècle (qui se trouve dans l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Blehen) et la bénédiction des animaux. Au 19e siècle, les paysans des environs tant flamands que wallons – Blehen se situe à un jet de pierre de la frontière linguistique – venaient nombreux pour faire bénir leurs bêtes. C’est sur base de cette tradition que la Confrérie Saint-Antoine a été fondée en 1975.

Depuis lors, une messe est célébrée le jour du saint à 19h30 pour les Blehinois et membres de la Confrérie, mais tout le monde est le bienvenu. Le dimanche suivant, une grande messe est célébrée en l’église des Saint-Pierre et Saint-Paul, plus de 150 personnes sont présentes, dont les représentants de plus de 40 confréries de Belgique mais aussi de France.

Le Père Charles Weynand célèbre cette messe avec ferveur et à-propos depuis plus de 35 ans, il y tient autant que la Confrérie tient à sa présence. A la fin de la messe, le responsable de la Confrérie procède à la vente aux enchères de 4 demis-têtes de cochons (photo ci-contre).

Le bénéfice de cette vente est attribué à une association souvent hannutoise. Cette année, l’ASBL Les compagnons dépanneurs de Hannut en sera le bénéficiaire. Précisons que la tradition de vente aux enchères de têtes de cochon est devenue patrimoine culturel immatériel en Flandre.

Que ce soit à la messe du 17 janvier ou du week-end suivant, les animaux présents sont bénis de même que le pain des moines qui est ensuite distribué aux fidèles.

 La Confrérie réalise également un tour du village à savoir une bonne centaine d’habitations. Après avoir rendu hommage aux anciens membres décédés (et inhumés dans le cimetière de Blehen), les membres de la Confrérie se présentent à chaque habitation en proposant de bénir les animaux (chiens – chats – poissons rouges – nouveaux animaux de compagnie – veaux – vaches – cochons…) et offrent le pain béni la semaine précédente (et congelé par leurs soins). L’attente des habitants et l’accueil sont toujours au rendez-vous, certains allant même jusqu’à offrir une petite “goutte” à leurs visiteurs.

A Nonceveux, de bien bénis galets 

La fête de la Saint-Antoine à Nonceveux (Remouchamps) existe depuis plusieurs siècles et rassemblait jadis, chaque 17 janvier, tous les petits éleveurs de la contrée. L’église du village était bien trop petite pour accueillir tous les badauds venus recevoir un peu du pain bénit durant la messe. Pain alors exclusivement réservé au bétail pour le protéger, une année durant, des maux de ventre et des coliques. Les éleveurs, privés de ce pain, ne renonçaient cependant pas au pékèt qui coulait à flots. 

Si la tradition a toujours été respectée dans le village, elle a bien entendu évolué. Ce n’est plus du pain qui est bénit lors de la messe mais des galets consommés par les villageois et non le bétail. 
La fête commence toujours par une messe en wallon * durant laquelle sont bénis les galets présentés dans des paniers. A la fin de l’office, les ministres de la République Libre de Nonceveux, revêtus de leur costume d’apparat, offrent le pèkèt à l’assistance qui, très vite, se rassemble sur le parvis de l’église où se dressent les échoppes offrant à la vente et les galèts et le pèkèt. 

Dans cette ambiance incomparable, se côtoient ministres de la République et membres de la Confrérie des Traditions Gauloises de Nonceveux, tous associés pour assurer, avec le précieux concours des associations et clubs locaux, la pérennité de cette authentique tradition.

Célébrée le dimanche le plus proche du 17 janvier; en 2024, c’était le 14 janvier. 

A Verviers, les traditionnelles gaufres à la cannelle 

Commercialisées exclusivement le 17 janvier, jour de la fête du saint, les gaufres aromatisées à la cannelle auraient pour vertu d’éloigner les maux de peau et peut-être aussi les maux de gorge. La boulangerie A Vi Fornè à Stembert ouvre ses portes – même un jour traditionnel de fermeture – pour offrir à ses nombreux clients les gaufres commandées et payées à l’avance. “Il est interdit de vendre des produits bénis” expliquait à un journaliste la patronne Véronique Pitz qui perpétue cette tradition héritée de ses parents.
A leur époque, une messe était célébrée le 17 janvier à 7 heures, et les boulangers de la région venaient avec leurs mannes de gaufres pour les faire bénir avant de les distribuer chez leurs clients. Aujourd’hui, c’est le prêtre – ou le diacre – qui se déplace à l’atelier Pitz pour bénir les gaufres qui seront ensuite distribuées aux amateurs qui font la file devant l’enseigne dès l’ouverture. 

Texte: Sophie DELHALLE