Après avoir rendu de bons et loyaux services comme chancelier, Désiré van Ass prend sa retraite, largement méritée. Portrait d’un homme qui, à travers tous ses engagements, n’a eu de cesse de prendre soin des autres.
Troisième garçon d’une fratrie de onze enfants, Désiré a grandi à Alleur, Liège et Cheratte. Après des études gréco-latines, il se destine au métier de kinésithérapeute. Il effectue son service militaire au 12e de ligne à Spa avant de demander la main de Jeanne ; ils élèveront quatre enfants, deux filles et deux garçons.
Diacre et syndicaliste
Pendant trente-sept ans, il soignera les patients admis à la clinique des Bruyères en revalidation cardiaque. Il aurait pu aussi mener une brillante (et lucrative !) carrière dans la finance hospitalière. Après deux ans de formation en horaire décalé, Désiré n’a plus beaucoup de temps à consacrer à son épouse et à ses enfants, une question surgit alors au sein du couple : “Est-ce pour ce type de vie que nous nous sommes mariés?”
“Quand j’ai donné ma démission, on m’a demandé si je voulais plus d’argent. Ils n’ont pas compris que j’avais choisi la gratuité du service.” En effet, à l’âge de 38 ans, Désiré est ordonné diacre permanent. Mais son engagement en Eglise est bien antérieur puisqu‘il fut d’abord responsable des acolytes, du “Patro”, et, plus tard, avec son épouse, de la catéchèse des enfants et des futurs mariés. Ensemble, ils mettront également sur pied une conférence de Saint Vincent de Paul, le CUP et une équipe de foyer.
Désiré a donc toujours eu en lui ce souci du service qu’il va également accomplir comme syndicaliste, et dans ce cadre, il aura l’occasion de collaborer avec Jean-Luc Dehaene, ministre du Travail, pour réformer le prix de journée des hôpitaux. Désiré ira même jusqu’à intégrer la sphère politique en rejoignant le bureau du CPAS de Visé pendant deux législatures.
Le plus “jeune” ordonné
Il prend sa pension à 60 ans pour s’occuper de son épouse, atteinte d’un cancer. Après le décès de Jeanne, certains viennent le trouver pour lui demander de devenir prêtre. “Je les ai mis dehors et leur ai dit “laissez-moi d’abord faire mon deuil””. Puis l’idée a germé dans l’esprit de Désiré. Il demande alors conseil à l’évêque. “Qu’est-ce que tu veux toi?”, le questionne-t-il. “Rien”, répond spontanément Désiré. Mais l’évêque aimerait bien avoir un berger supplémentaire pour guider le troupeau. Désiré sera donc ordonné prêtre à l’âge de 65 ans, à l’heure où beaucoup d’autres commencent à savourer les joies de la retraite. Il sera dès lors le plus “jeune” ordonné du diocèse aux côtés de Mgr Delville, pour sa messe d’entrée en fonction comme évêque.
Désiré se voit notamment confier la mission de construire l’UP de Liège Nord-Vottem. A 72 ans, il demande à être déchargé de sa charge curiale. Alors qu’il pourrait légitimement penser à prendre quelque repos, le Vicaire Général de l’époque, Alphonse Borras vient le chercher pour assumer le poste de chancelier diocésain qu’il a occupé jusqu’au 7 décembre 2023.
Egalité homme-femme
Sa devise ? Il l’emprunte volontiers à nos voisins hollandais : “je maintiendrai”. “Quand j’ai une idée, je la garde”. Désiré se définit par ailleurs lui-même comme un caractère dominant. Pourtant, cet homme a consacré sa vie à prendre soin des autres : de ses proches, de ses patients, des fidèles, des employés diocésains. S’il devait choisir un conseil à donner, ce serait “mettre l’autre à la première place”. “Ca élimine tous les problèmes de pouvoir.”
Pour l’Eglise de demain, il souhaite une meilleure reconnaissance de la place des femmes et se dit même favorable à ce que des laïcs, homme et femme, puissent délivrer le sacrement du baptême. “Je voudrais qu’il n’y ait plus de différence dans l’ordination entre les hommes et les femmes mais je ne crois pas que je vivrai assez vieux pour le voir.”
Une retraite bien chargée !
Comment Désiré va-t-il désormais remplir ses journées? Il se réjouit de renouer avec sa passion pour l’histoire de “son” village, Cheratte auquel il a consacré un site internet, “je vais pouvoir m’y atteler à nouveau”. S’il a aimé profiter de belles promenades en famille, de voyages en Suisse et en Alsace, sa prochaine destination sera Dortmund, à l’occasion de son anniversaire.
L’heure de la retraite n’a donc pas encore tout à fait sonné pour Désiré qui compte bien profiter de ses sept petits-enfants et de ses six arrière-petits-enfants dont le plus jeune est âgé de 3 ans. Tout ce petit monde le surnomme affectueusement “Kaker”, déformation enfantine de grand-père. Il reste également membre du conseil presbytéral et vicaire dominical, et pourra donc à l’occasion remplacer l’un de ses confrères dans l’UP de la Basse Meuse.
Texte: Sophie DELHALLE