Le 25 avril prochain, Mgr Delville présidera une célébration au sanctuaire Sainte-Catherine d’Astenet. Qui était-elle ? Et pourquoi est-elle vénérée dans ce petit village germanophone de notre diocèse ?
Au nord de l’Europe, sainte Catherine est peu connue, beaucoup moins populaire qu’une sainte Rita par exemple. Et pourtant, avec elle, les grâces abondent, comme en témoignent le millier d’ex-votos accrochés au mur du sanctuaire d’Astenet, dans la commune de Lontzen (photo en bas d’article). Mais comment son culte s’est-il développé dans ce petit coin des cantons de l’Est?
Une femme audacieuse
Le rayonnement de cette mystique italienne a franchi les Alpes jusqu’au petit village d’Astenet (commune de Lontzen) où un sanctuaire unique au nord de l’Europe lui est dédié. Docteure de l’Église et co-patronne de l’Europe, sainte Catherine de Sienne fait partie de ces figures entourées de légendes et de mystères. Née au XIVe siècle, dernière de 24 enfants (!), de santé fragile et analphabète, Catherine se révéla pourtant être une femme audacieuse qui dénonça les dérives de l’Eglise de son époque.
C’est en découvrant une image pieuse de sainte Catherine dans un missel que Jean Wintgens développe pour elle une grande dévotion. Avec son épouse, il a fait plusieurs pèlerinages à Rome et à Sienne. Il parviendra à communiquer son enthousiasme autour de lui, et c’est ainsi que le maire de Walhorn met gracieusement à la disposition des amis de Ste Catherine une parcelle de terrain, située le long d’une vieille route de pèlerinage marial. Du simple projet initial d’ériger une stèle en hommage à la sainte, se développe un projet beaucoup plus vaste inauguré en 1968.
Insérée dans le mur de la chapelle extérieure, la relique de sainte Catherine est offerte à la dévotion des pélerins nuit et jour. (c) Open Churches
Modernité et ouverture
Pour rendre un culte à cette femme au caractère audacieux, il fallait imaginer un bâtiment aux lignes inhabituelles.
Situé au bord d’une route de passage et de conception moderne, le sanctuaire s’inspire du Campo de Sienne et se compose d’une bâtisse de forme polygonale avec une crypte, un toit incliné vers l’intérieur avec, au milieu, un atrium ouvert, et au centre une petite fontaine dédiée à la sainte. Un lieu de prière et de recueillement pour tous, croyants ou non, souligne Roger Franssen, nouveau président du CA.
Depuis près de soixante ans, les fidèles peuvent donc venir s’y recueillir nuit et jour, c’est l’archevêque de Sienne en personne qui apporte en septembre 1975 la relique de la sainte (une côte) insérée dans le mur de la chapelle derrière une vitre, offerte aux regards et aux prières des pèlerins belges, allemands, néerlandais, salves…
Pour Roger Franssen, sainte Catherine est une figure d’une grande actualité et l’attrait qu’elle suscite ne l’étonne guère. A son initiative, le site fait désormais partie du réseau Eglises ouvertes. A l’approche de la soixantaine, l’échevin de Lontzen, spécialisé dans les assurances, souhaitait consacrer plus de temps à Dieu. Il aime notamment restaurer les potales de sa région. Il n’accepta de prendre la présidence du CA de l’asbl qu’à une condition: que l’âme du lieu continue d’y siéger en la personne d’Irmgard Wintgens-Beck, belle-fille du fondateur.
Sans interruption
La messe mensuelle célébrée le deuxième jeudi du mois réunit entre 50 et 100 personnes, les célébrations de la fête patronale en avril et de la messe votive en septembre attirent encore plus de monde. Le sanctuaire accueille régulièrement des groupes de confirmands et de retraitants. Un temps de prière et d’adoration est prévu tous les vendredis après-midi.
Au-delà de la situation géographique favorable, à proximité des trois frontières et d’un axe fréquenté, pourquoi les gens s’arrêtent-ils donc au sanctuaire ? Sans possibilité de sonder les profondeurs de leur coeur, cela restera un mystère. Astenet est un lieu bien vivant, ouvert, et où l’on se réjouit pour toute personne qui vient et qui peut nouer une relation avec sainte Catherine, confie Roger Franssen. Il a notamment remarqué que les pèlerins ont l’habitude de marquer un petit mot de remerciement à la sainte sur les neuvaines.
Durant la pandémie de Covid-19, la chapelle à rue est restée ouverte et accessible sans interruption. “Nous avons assisté à une nouvelle augmentation du nombre de visiteurs et de cierges brûlés” affirme Roger Franssen. Une ouverture qui se matérialise aussi par l’hébergement, depuis avril 2022, d’une famille de réfugiés ukrainienne.
En juin 2022, un dossier visant à obtenir le classement du site comme monument protégé a été introduit auprès des autorités compétentes. La commission des monuments et sites vient d’émettre un avis favorable. Une grande célébration en présence de Mgr Delville aura lieu le 25 avril prochain, quelques jours avant la fête patronale de sainte Catherine de Sienne, à 19h. Invitation cordiale à tous !
(c) Open Churches
Texte: Sophie DELHALLE