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La Belgique est réputée pour être une terre de traditions folkloriques dont font notamment partie les carnavals. Ont-ils un lien avec la foi chrétienne ? Que représente le mardi gras? Que fait-on à Liège à cette date?

Dans l’Antiquité romaine, cette journée célébrait la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps. Dans la tradition chrétienne, le mardi gras marque l’entrée dans le carême, période de quarante jours durant laquelle les chrétiens mangent “maigre”. Le mardi gras précède donc le mercredi des Cendres, premier jour de la période pascale.

En 2024, le mercredi des Cendres étant célébré le 14 février, le mardi gras tombe ainsi le mardi 13. Beaucoup d’établissements scolaires ont par ailleurs octroyés un, deux voir trois jours de relâche aux élèves pour pouvoir participer aux festivités de ce début de semaine. Comme le Rosenmontag ou Lundi des Roses ce 12 février à Eupen. Nous y reviendrons. 

“Enlever la viande” 

De manière très pragmatique, le mardi gras est l’occasion de vider les réserves et de manger tout ce dont nous serons privés pendant plusieurs semaines. Si en France la tradition culinaire est de manger des beignets pour éliminer les oeufs et le beurre qui ne pourront être consommés pendant le carême, en Belgique, plus précisément à Liège, nous nous attablons devant une bonne potée aux choux frisés avec saucisses et lard “po n’nin èsse magnî dès mohètes“, autrement dit, pour ne pas être mangé des mouchettes. Pourquoi ? Probablement parce que la date de récolte du chou frisé est proche du mois de mars. 

Le mot carnaval vient du latin “carnelevare” qui signifie “enlever la viande”, et donc “entrer dans le carême”. Le mardi gras est souvent le point d’orgue de ces quelques jours durant lesquels tout est permis. Pendant cette période de réjouissances carnavalesques, on se déguise, et cet anonymat nous affranchit des contraintes sociales et de la bienséance. Les plus connus sont les carnavals de Venise, de Rio ou de Dunkerque. La Belgique n’est pas en reste avec les Gilles de Binche, les Blancs Moussis du Laetare à Stavelot ou encore les Porais de Tilff sans oublier les Macralles de Vielsalm.


A Liège, le menu du mardi gras est composé d’une potée au chou frisé agrémentée de saucisses et de lard.

Au nom de la rose 

Dans notre diocèse, la tradition rhénane avec ses princes (et princesses) carnavaliers est très fortement implantée au sein de la communauté germanophone. Dans certaines localités des Cantons de l’Est, le ‘Lundi des Roses’ (Rosenmontag) est le jour le plus important du carnaval. On doit ce nom au carnaval de Cologne et, semblerait-il à une coutume papale du Moyen-Âge.

Au XIe siècle, un souverain pontife aurait béni une rose en or le lundi précédant le Carême (ou le quatrième dimanche de Carême selon une autre source) pour la remettre à une personnalité émérite. Depuis le Moyen-Age et jusqu’au XVIIe siècle, la Rose d’or est un ornement béni par le pape, destiné à honorer des souverains et des souveraines et, depuis la seconde moitié du XXe siècle, des églises ou sanctuaires. Depuis le XXIe siècle, ce sont essentiellement des sanctuaires mariaux qui ont reçu cette distinction.

Fin de la parenthèse historique. Revenons à Eupen où la première édition du Rosenmontag a eu lieu en 1884 et, depuis 1906, il est dirigé par un prince-carnaval entouré de pages. Les origines du cri “Alaaf” remontent quant à lui au XVIe siècle et son sens premier découle tout simplement des deux mots (ancien allemand et même actuel néerlandais) : “al aaf”, tout détaché, loin de tout…

Connaissez-vous les Jeudis Gras? 

Si tout le monde connaît le mardi gras, il est une autre tradition bien ancrée à Malmedy : les quatre jeudis gras. Comme leur nom l’indique, ils égrènent les quatre semaines précédant l’entrée en carême. La spécialité culinaire qui leur est associée est la gaufre. Le carnaval de Malmedy, le bien nommé Cwarmé, en est à sa 564e édition et se distingue en raison des anciennes coutumes qui le caractérisent. Le cortège du dimanche constitue le point culminant du carnaval de Malmedy. Plus de 1.500 personnes masquées défilent dans les rues en portant 15 costumes traditionnels du Cwarmê, chacun ayant un rôle particulier à jouer. Le carnaval se déroule sur plusieurs jours et se termine le Mardi Gras avec le brulage de la haguette. Le carnaval de Malmedy a même son musée, le Malmudarium

Texte: Sophie DELHALLE