Le film ne sortira dans les salles obscures qu’en novembre 2024, mais la bande-annonce a déjà été diffusée. Le biopic sur le pasteur Dietrich Bonhoeffer a été en partie tourné à Liège, notamment à la collégiale Saint-Barthélémy et à la cathédrale Saint-Paul.

Un tournage aux allures hollywoodiennes dans les églises de Liège, cela n’est pas courant. Et pourtant, en novembre 2022, les caméras du réalisateur américain Todd Komarnicki ont bien pris leurs quartiers à Liège et à Spa, ainsi qu’à Tinlot. A l’époque, l’équipe de tournage investit plusieurs lieux emblématiques de la Cité Ardente dont la cathédrale Saint-Paul, l’église Saint-Jacques et la collégiale Saint-Barthélémy. Trois cadres religieux où vont se rejouer des scènes de la vie de Dietrich Bonhoeffer, théologien protestant exécuté par les nazis en 1945.
Un tournage de la démesure
Le réalisateur américain Todd Komarnicki donne ses instructions aux figurants lors d’une scène tournée à la collégiale Saint-Barthélémy. (c) Angel Studios
“Nous avons reçu une demande de la société de production, nous explique François Delooz, président de la Fabrique d’église de la collégiale Saint-Barthélémy. Les équipes sont restées plusieurs jours sur place.” Selon notre interlocuteur, c’est la façade extérieure de style mosan-rhénan qui a guidé le choix du réalisateur pour la collégiale. Un tournage qui a quelque peu “chamboulé” l’édifice, nous dit-on.
Même scénario à la cathédrale de Liège où, dans un même souci du détail, les chaises habituelles ont été remplacées par des bancs directement importés d’Allemagne. “Chacun pesait une tonne“, nous précise le régisseur belge, Julien Glasmacher, chargé notamment d’obtenir toutes les autorisations auprès des administrations et des institutions. Il faut dire que 15 camions techniques et le même nombre de cars-loges ne passent pas inaperçus.
Démesuré, exceptionnel, hors-norme, tous les superlatifs sont autorisés pour parler du film sur Bonheoffer. “C’était de la folie ! ” admet le régisseur. Un projet au budget colossal – 8 fois plus élevé que les productions belges classiques – “comme je n’en verrai peut-être qu’une seule fois dans ma carrière“, confie encore Julien.
Des églises relookées
Le film retraçant la vie de Bonheoffer est une super production américano-anglo-belge dont 70% des scènes ont été tournées chez nous. Le cloître de la cathédrale de Liège a notamment eu droit à un relooking comme nous l’explique Jean-Claude Frankin, sacristain depuis 16 ans : “Ils ont masqué tous les éléments contemporains, notamment l’entrée du Trésor de Liège avec une grande bâche imprimée qui donnait l’illusion d’un mur, c’était assez bluffant. Le cloître n’avait jamais été aussi beau” se souvient-il. Pour rappel, en novembre, 2021, ce lieu ainsi que la salle du chapitre avaient également tapé dans l’oeil des équipes de Canal+ pour le tournage d’une publicité portée par l’acteur français Kad Merad.
Pour les besoins du tournage, l’entrée du Trésor de la cathédrale a dû être camouflée. (c) JC Frankin
C’est donc à nouveau dans le cloître et aussi dans le chœur de la cathédrale que des scènes du biopic sur Bonhoeffer ont été tournées. “Ce qui les intéressait, c’était surtout la chaire de vérité où ils ont filmé une scène de prédication.” D’après Jean-Claude, les spectateurs seront peut-être déçus de ne pas reconnaître la cathédrale lors du visionnage du film. “Ils ont surtout fait des gros plans, on ne verra finalement pas grand-chose du reste du décor “. Comme nous le confirme Julien Glasmacher, “il fallait que le spectateur ressente la cathédrale sans la reconnaître” puisque la scène du film en question se déroule non pas à Liège mais à … Berlin !
Pas sans risques
Le sacristain a également tenu le rôle de garde-fou en empêchant les techniciens de démonter la crèche déjà installée en cette période de fin d’année. En effet, choisir de tourner un film sur un pasteur luthérien dans un lieu de culte catholique appelle quelques arrangements, car certains éléments auraient pu dénoter avec la réalité historique. Un vrai défi, nous confirme le régisseur.
Pendant deux jours, la cathédrale a donc aussi dû être fermée au public pour les besoins du tournage. “C’est très lourd, très contraignant comme activité pour une cathédrale“. 160 techniciens – parmi lesquels des personnes ayant collaboré aux productions Marvel ou encore “Gladiator”- , une dizaine d’acteurs principaux, des figurants par centaines, cela en fait du beau monde à accueillir ! Sans compter les machines, nacelles et autres caméras.
Julien Glasmacher et Jean-Claude Frankin nous ont dévoilé les coulisses du tournage de “Bonhoeffer”. (c) Sophie DELHALLE
“Nous avons utilisé un ballon gonflé à l’hélium pour éclairer certaines scènes” nous indique Julien Glasmacher qui a connu quelques sueurs froides. On a peine d’ailleurs à croire que tout cela se soit terminé sans dégât … Un véritable exploit en soi ! Sachant aussi que chaque journée de tournage correspond à quelques minutes de film.
D’ailleurs, le chanoine Lambert Wers demande toujours un droit de regard sur les scripts avant de donner l’accord pour un tournage. “C’est quand même l’église de l’évêque, les lieux doivent être respectés, et parfois, c’est non.”
L’église Saint-Jacques quant à elle aura servi de décor pour deux édifices religieux dans le film dont l’un à Stuttgart.
La maison d’enfance de Bonhoeffer à Spa
Dans la cité spadoise, l’intérêt s’est focalisé sur le centre culturel de Spa pour son petit théâtre, Balmoral et une villa privée qui figurera la maison d’enfance de Bonhoeffer. La ville de Spa reçoit entre 3 et 4 demandes de ce type par an.
Pour l’anecdote, un mois avant le tournage, la production recherchait encore près de mille figurants. Le résultat final sera visible dans les salles obscures en novembre 2024. En attendant, la bande-annonce du film “Bonhoeffer” a déjà été dévoilée. A chacun donc de se faire sa première idée.
Sophie DELHALLE
🎥 Saurez-vous reconnaître les décors liégeois dans la bande-annonce du biopic sur Dietrich Bonhoeffer distribué par les studios Angel ?