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A l’approche de Pâques, on s’active dans les familles polonaises pour préparer les petits paniers de victuailles qui seront bénis lors de la Vigile pascale. 

Le père Marek peut compter sur le dévouement de sa communauté pour honorer les traditions polonaises de Pâques. 

La communauté polonaise installée à Liège est principalement issue de l’immigration prolétaire. Des hommes et des femmes ont quitté la Pologne pour venir travailler dans les mines. Jusqu’il y a peu, deux prêtres polonais assez âgés s’occupaient des fidèles, avant que le père Marek ne prenne la relève il y a huit ans. Il officie chaque semaine à Liège, dans l’UP Saint-Martin, et à Micheroux. Il remarque toutefois que certaines personnes n’hésitent pas à parcourir 30 ou 40 kilomètres pour assister aux célébrations en polonais.

L’appel de la mission 

Né en Pologne, Marek entre au petit séminaire à l’âge de 15 ans. Il intègre ensuite le grand séminaire – il est ordonné en 1993 – puis réalise des études de journalisme et de communication. Le père Marek fait partie de l’ordre des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. Pourquoi ce choix? “Ma voisine était une religieuse dont le frère était oblat et j’entendais parler de la dimension missionnaire de cette vocation, la possibilité de voyager m’a fasciné. Même si j’ai vite compris que je n’irais pas en Afrique et que je resterais en Pologne.” 

Parmi nous, pour nous

Cet appel à être missionnaire se réveillera toutefois quand Marek trouvera chez lui une lettre d’un évêque tchèque. Ce dernier cherche un prêtre pour accompagner la communauté polonaise de son diocèse qui se sent abandonnée. C’est ainsi que le père Marek dépose ses valises en République Tchèque pendant quinze ans. “C’est un peuple très très accueillant, ouvert, avec un désir fort de vivre sa foi dans l’Eglise. Ils sont des témoins du quotidien.” Le père Marek a conservé des liens avec la communauté qu’il a aidé à redynamiser. “Là-bas, le prêtre fait partie du peuple, c’est quelqu’un parmi nous pour nous, je n’ai jamais eu de difficultés à trouver des bénévoles pour s’engager dans les différentes équipes d’animation. A la messe, nous étions 1000.” 


C’est un grand jour de fête quand les enfants d’origine polonaise reçoivent leur première communion. DR

Nourrir sa foi et son identité 

La force de la communauté polonaise est d’avoir organisé dès les débuts de son installation en Belgique toute une vie culturelle et associative pour rassembler les Polonais. Paradoxalement, c’est en s’installant en Belgique en 2016 que le père Marek s’occupe pour la première fois de ses compatriotes. A son arrivée, il se demande toutefois pourquoi les fidèles polonais ne se sont pas plus intégrés dans la vie paroissiale. “Aujourd’hui, j’ai compris l’importance pour eux de vivre la messe dans leur langue maternelle, d’entendre des phrases, des chants, exprimer sa prière et ses émotions dans sa propre langue, c’est comme cela qu’ils peuvent nourrir leur foi profonde et leur identité.” Un constat partagé par tous les aumôniers liégeois des communautés catholiques d’origine étrangère. 

Un feu à transmettre

Chez les Polonais de Liège, la transmission de la culture et de la langue est donc encore bien vivante, pour preuve, depuis qu’il prépare les enfants à la première communion, le père Marek n’a adapté qu’une seule fois son accompagnement en français. Chaque semaine, ils sont une centaine de fidèles à assister à la messe, et le triple pour les grandes fêtes que sont Pâques et Noël. La Fête-Dieu, jour férié en Pologne, est très populaire dans la communauté polonaise. Au pays, on organise la procession des quatre autels, pour chaque évangéliste. Le père Marek constate avec joie un renouvellement des générations et propose à ses ouailles de “sortir de l’église” pour différentes visites culturelles. Le père Marek nous décrit aussi une communauté de la joie qui entretient un feu à transmettre. “Nous n’avons pas de chorale car tout le monde chante”. 


Appelés Święconka, les petits paniers de victuailles spécialement préparés pour Pâques sont bénis par le prêtre lors de la Vigile pascale. DR

“Rencontrer quelqu’un en Pologne, c’est plus facile”, nous explique le père Marek. En Pologne, tout le monde se connait et les Polonais aiment parler, partager. Ainsi, certaines familles décident donc parfois, malgré l’enracinement en Belgique, de retourner vivre en Pologne. “C’est pour cela que l’Eglise a un rôle très important à jouer” souligne le père Marek. 

Petits paniers bénis

A l’approche de la grande fête de Pâques, les familles vont notamment confectionner des paniers en osier de victuailles qui seront bénis lors de la Vigile pascale, une tradition qui remonte au 14e siècle. Décoré d’une belle nappe brodée ou en dentelles, le panier doit contenir sept aliments : une figurine d’agneau en sucre ou en génoise, des oeufs peints à la cire ou teint et gravé à l’aiguille – ce sont les ‘pisanki’, qui représentent la vie nouvelle – une racine de raifort, dont l’amertume symbolise la souffrance du Christ, du pain, du sel, de la charcuterie et enfin un gâteau pascal appelé ‘babka’ fabriqué avec une grande quantité d’oeufs. 

Déposés devant l’autel, à côté d’une reproduction du tombeau du christ, et bénis par le prêtre, ces aliments seront consommés le dimanche matin. La coutume veut que l’on casse les pisanki l’un contre l’autre pour se souhaiter bonne chance. Le lundi de Pâques, les Polonais ont aussi pour tradition de s’éclabousser avec de l’eau. “J’ai des souvenirs d’enfance où je revenais trempé des pieds à la tête de la messe” raconte le père Marek. Notons aussi que les fidèles polonais fabriquent eux-mêmes des rameaux très colorés. 


Pour le dimanche des Rameaux, les fidèles polonais fabriquent eux-mêmes de magnifiques rameaux colorés. DR

Texte: Sophie DELHALLE