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Notre vicaire général honoraire, le théologien et canoniste Alphonse Borras, vient d’être nommé par le pape François, consulteur du secrétariat général du synode qui tiendra sa prochaine session en octobre 2024. Quel sera son rôle? Connaît-il ses futurs collègues consulteurs? Qu’attend-il de cette prochaine et dernière session? 

Photo : Alphonse Borras a participé à la session d’octobre 2023 du synode en qualité d’expert. Une expérience qui l’a un peu laissé sur sa faim. DR

Nous sommes toujours dans l’attente d’un point de vue méthodologique sur la manière dont la préparation et les travaux de la session d’octobre 2024 se dérouleront” précise d’emblée Alphonse Borras dont la récente nomination par le pape François comme consulteur du secrétariat général du synode est tout du moins un motif personnel de réjouissance. Lors de la précédente session, en octobre 2023, il nous avait confié sa déception d’avoir été, comme expert, “sous-employé”.
Avec les autres experts, nous avons fait notre travail de scribe, de synthétiseur sans pouvoir apporter d’éléments de réflexion, et nous avons alors exprimé publiquement notre déception“. Notons qu’à la différence des experts, nommés par le cardinal secrétaire général du synode, la nomination des consulteurs relève du pape. 

>>> (Re)lire l’article : Le théologien et canoniste Alphonse Borras, expert du synode, revient sur cette expérience inédite

Consulteurs et collaborateurs 

Mais quel sera le rôle des consulteurs ? “D’être consulté ! répond spontanément notre interlocuteur. J’espère en tout cas que nous ne serons pas cantonnés à un rôle minimaliste comme pour la précédente session.” Alphonse Borras sera donc bien à Rome en octobre 2024 pour poursuivre les travaux de ce synode inédit dans l’histoire de l’Eglise. Il ne sera pas seul évidemment, d’autres consulteurs ont été désignés par François, qu’Alphonse Borras connait (très) bien pour certains. Il a notamment collaboré et publié à plusieurs reprises avec Gilles Routhier, professeur de théologie à l’Université Laval (Canada) ; ensemble, à nouveau, “nous espérons vraiment pouvoir être utiles” et ne pas simplement figurer sur une liste de noms. Alphonse Borras a également eu l’occasion de rencontrer son collègue australien très compétent, Ormond Rush, lors des précédentes étapes en octobre 2021 et avril 2022.  

Entrer dans le vif du sujet 

Quels seront les enjeux d’octobre 2024, à l’heure où le synode entamera son dernier virage ? “Que nous puissions quitter la conversation de l’esprit pour entamer le vrai débat dans l’esprit, argumenté“. Car, pour notre consulteur liégeois, le risque majeur serait de se contenter d’un grand échange de belles idées – avec le risque d’une profonde déconvenue –  plutôt que de réellement travailler sur les dossiers prioritaires que sont, pour reprendre la récente déclaration des évêques belges à ce sujet, et qu’Alphonse Borras rejoint totalement : une Eglise ouverte et en dialogue, une tradition vivante et évolutive ainsi que l’unité dans la diversité. 

Unité dans la diversité 

Alphonse Borras souhaite développer avec nous ce dernier point.” Cette diversité dans l’Eglise est avant tout une richesse, mais reste un défi. Nous devons œuvrer à renforcer la communion des églises locales. Nous continuons en quelque sorte les apprentissages de Vatican II. Etre chrétien à New-York, Tombouctou, Liège ou Tokyo, c’est être confronté à des réalités très différentes. Nous devons prendre conscience de ces différents accents et qu’ils ne soient pas exclusifs. Restez unis sur l’essentiel et libres dans l’accessoire. C’est laborieux mais il faut avancer dans ce sens.

“Je suis confiant”

Concernant la tradition, Alphonse Borras estime lui aussi que nous devons en avoir une compréhension vivante, qui s’adapte aux différents contextes culturels, comme elle l’a en réalité toujours fait depuis les débuts du christianisme avec l’inculturation des évangiles. “La tradition doit être interrogée et redécouverte à la lumière des questionnements et du contexte culturel actuels.” Ceci implique de facto de réfléchir à la place des femmes dans la gouvernance de l’Eglise, au diaconat féminin, à l’ordination d’hommes mariés… Autant de thèmes qui découlent des besoins ressentis au sein des églises locales. Sur ces questions, “je suis confiant”, exprime Alphonse Borras, même si l’échéancier est encore vague.

Liberté de parole 

Un mot encore sur la coresponsabilité, largement promue par l’assemblée d’octobre 2023, qui, à l’instar de la synodalité ecclésiale, impose de “ne pas marcher seul” pour reprendre les mots du pape François dans Evangelii Gaudium (EG 33 in fine). Attention toutefois que cette notion ne serve de paravent pour ne pas aller plus loin sur les “questions qui fâchent”, met en garde le canoniste liégeois. Il doit toutefois se réjouir de constater que les nominations des consulteurs confirment cette volonté du synode 2021-2024 de donner plus de visibilité aux femmes, dans la diversité de leurs engagements ecclésiaux ou autres, théologiennes et mères de famille, responsables de mouvement, supérieures religieuses, … Toutes et tous ont aussi pu apprécier la liberté de parole exercée lors de la session d’octobre 2023, condition sine qua non d’une réforme réelle du christianisme, affirme notre consulteur fraichement nommé.

Texte: Sophie DELHALLE