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Afin de marquer le 80e anniversaire du débarquement en Normandie, les clochers de nos églises sonneront à 19h44 le 6 juin. Rencontre avec Tiffany Laurent, jeune enseignante, pour qui le devoir de mémoire est à vivre aussi en dehors des livres d’histoire. 

Plusieurs fois par an, les Ladies at the front dont fait partie Tiffany (à gauche) reconstituent des scènes de vie durant la seconde guerre mondiale, ici des infirmières dans un hôpital de campagne. DR

“Depuis que je suis toute petite, j’entends dire que je suis née le jour le plus long”. C’est en grandissant que la Liégeoise Tiffany Laurent, 32 ans, comprend que sa date d’anniversaire correspond à un tournant dans l’histoire mondiale. Elle se passionne pour la seconde guerre mondiale et plus particulièrement le rôle des femmes dans le conflit, qu’elles furent infirmières ou ouvrières dans les usines d’armement. Elle fait d’ailleurs partie depuis 2015 d’un groupe de reconstitution historique “Ladies at the front”. Elle se réjouit par ailleurs de constater qu’ils sont nombreux, comme elle, à rejoindre des groupes de reconstitution historique pour faire découvrir l’histoire de la seconde guerre mondiale au grand public, de manière didactique et grandeur nature. “C’est rassurant même si le matériel coûte cher, le monde de la reconstitution historique est bien vivant et attire beaucoup de jeunes.” 

Histoire familiale 

Elle est aussi dépositaire d’une mémoire familiale qui la pousse à faire vivre le devoir de mémoire. “Ma grand-mère italienne, elle vit toujours, elle a 95 ans, a travaillé dans une usine d’armement pour les Allemands où elle devait rester assise à son poste huit heures d’affilée, sans aucune pause. Son frère a été pendu pour l’exemple sur la place publique. C’est très difficile pour elle d’évoquer cette époque de sa vie. Mon autre grand-mère originaire de Charleroi a été blessée par un éclat d’obus lors de l’exode vers le nord de la France. Elle a séjourné dans un hôpital de campagne où ‘ça puait la mort’ selon ses propres mots”. 


Le 7 juin 2019, les “Ladies at the front” (Tiffany est la deuxième en partant de la gauche) rencontrent celles qui les inspirent lors des commémorations en Normandie. DR

Quand les clochers sonnent la Liberté 

Tiffany s’est fait le relais pour la Belgique d’une initiative inaugurée en France lors des commémorations annulées en raison du covid en juin 2020. Les autorités françaises avaient alors invité leurs compatriotes de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, du Canada, à faire sonner les cloches. A l’occasion du 80e anniversaire, cette invitation est à nouveau adressée et Tiffany souhaiterait qu’une grande partie des cloches de Belgique puissent rejoindre l’opération “Les clochers de la Liberté“. “C’est important qu’on y participe. Sans le débarquement, les libérations de Liège et de Bruxelles n’auraient pu avoir lieu. Le 6 juin est le point de départ de notre liberté actuelle.” Tiffany a été sensibilisée dès le plus jeune âge par ses parents notamment par la visite régulière du cimetière de Neupré dont l’un des soldats est devenu son filleul. Cette enseignante d’éducation physique estime que le devoir de mémoire doit faire partie intégrante des programmes scolaires.

Tendez bien l’oreille ce 6 juin aux alentours de 19h44 et souvenons-nous de tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont donné leur vie et contribué à notre liberté ! 

Texte: Sophie DELHALLE