Retrouvez ci-dessous la lettre de Mgr Delville suite à la visite du pape François en Belgique. La version pdf se trouve en bas de l'article.
Merci au pape, merci à vous !
De tout cœur, je partage, en ce 14 octobre, les remerciements que viennent d’envoyer les évêques de Belgique au pape François, pour sa visite en Belgique du 26 au 29 septembre 2024. Le pape a manifesté une attention inlassable aux personnes qu’il rencontrait et leur a adressé de nombreux sourires d’amitié. « Votre visite, écrivons-nous au pape, a permis aux chrétiens de notre Église locale de se réunir dans leur diversité, avec enthousiasme et dans la joie de l’Évangile ».
Je remercie aussi ceux qui ont organisé cette rencontre et tous ceux qui y ont participé. La présence du pape a permis à de nombreux catholiques de Belgique de se rencontrer et d’approfondir leur foi. Sa personne fédère les énergies et suscite des rencontres nouvelles dans notre Église. Elle a valorisé les immigrés, les personnes âgées, les jeunes, les victimes d’abus, les personnes sans domicile fixe. Elle a mis à l’honneur tous ceux qui s’engagent dans notre Église par leur ministère de prêtres ou de diacres, leurs missions d’agents pastoraux ou de personnes consacrées. Elle les a stimulés dans leur engagement. Elle a valorisé les milliers de jeunes présents, par une visite surprise à leur festival Hope Happening, ajoutée au programme prévu. Elle a placé l’Église au centre de l’attention de la société belge, via les médias et les moyens de communication.
Elle renforce notre foi et permet de creuser les questions qui ont été abordées. Outre celles que notre Église a proposées et auxquelles le pape a répondu dans la basilique de Koekelberg[1], je pense aussi aux questions que le pape nous a posées et aux défis qu’il a soulevés, en particulier sur le rôle des universités, sur l’identité de la femme, sur sa place dans l’Église et la société, sur le soutien aux victimes des abus sexuels, sur le respect de la vie et sur le drame de l’avortement. Toutes ces questions sont à approfondir : le pape en parle en tant que chef religieux et non en tant qu’homme politique. Il en parle avec un point-de-vue universel et pas seulement avec une vision d’Europe occidentale. Il en parle avec son style personnel, parfois improvisateur, qui affectionne de mettre les pieds dans le plat. Il a un côté battant, qui contribue à libérer la parole. Il va parfois à contre-courant de l’opinion publique, y compris dans son engagement pour la paix dans le monde. Cela a suscité le débat, parfois la contradiction.
Le pape veut parfois provoquer et bousculer. Il sait très bien que ses paroles ont différents niveaux d’autorité et que les propos de table ou d’avion n’ont pas le statut ni l’autorité doctrinale d’une encyclique ou d’une constitution apostolique.
Les rencontres latérales ont aussi été riches d’enseignement comme celle du cardinal Michael Czerny avec les responsables de l’engagement social de notre Église ou la rencontre des évêques de Belgique avec leurs confrères de la délégation vaticane. Des exemples de sainteté chrétienne ont été mis en valeur par le pape, comme celui d’Anne de Jésus (1545-1621), qu’il a béatifiée dimanche 29 septembre, et celui du roi Baudouin, dont il a espéré une future béatification.
Les paroles du pape sont à méditer, en particulier celle de son homélie au stade Roi Baudouin, qui était basée sur trois mots : ouverture, communion, témoignage[2]. L’ouverture est centrée sur la considération envers celui qui pense différemment et va « au-delà des schémas », comme le suggère l’évangile du jour, présentant les disciples de Jésus, qui sont jaloux de fidèles étrangers à leur groupe (Mc 9, 39-40). La communion est ciblée sur l’amitié avec les pauvres, les victimes, les petits, selon les recommandations de saint Jacques (Jc 5,1-6). Le témoignage envisage le futur de notre Église et sa capacité à témoigner de la foi, à partir de l’exemple d’une femme, Anne de Jésus, et des témoins d’aujourd’hui, « nos amis et compagnons de route ». Nous sommes invités à faire nôtres ces témoignages. Renouvelons, comme conclut le pape, « notre engagement à marcher ensemble sur les traces du Seigneur ».
Jean-Pierre Delville, évêque de Liège
©Agnès Michel