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En 2024, l’asbl Accueil Botanique fêtera ses trente ans d’existence. Qui sont les bénévoles qui assurent chaque jour le service de distribution de repas, qui préparent les colis, qui soignent les pieds endoloris, … ? Reportage.  

 

 

« Pas avant 10h30, sinon c’est un peu la cohue » nous conseille d’emblée Christine Servais, responsable de l’Accueil Botanique. Rendez-vous pris, nous pénétrons fin de matinée dans la vieille bâtisse, voisine de l’évêché, propriété de la Fabrique de la Cathédrale, qui abrite l’accueil de jour. 

Une ruche en pleine activité

A l’origine d’une initiative paroissiale, anciennement installée dans la rue du Jardin Botanique, l’asbl est aujourd’hui antenne relais de quartier, agréée par la Région Wallonne, membre de Saint-Vincent-de-Paul et du C.L.S.S.. Chaque jour, des bénévoles s’activent comme des abeilles dans une ruche pour distribuer 130 petits déjeuners entre 9h et 11h. Certains bénéficiaires fréquentent les lieux depuis de très nombreuses années, d’autres de manière plus ponctuelle, et d’autres encore ne viennent qu’une fois puis disparaissent des radars.

Notre irruption pendant le service ne passe pas inaperçue, une certaine discrétion s’impose toutefois. A plusieurs reprises, nous nous trouvons en travers du chemin des bénévoles dont nous ne comptons plus les allers-retours en cuisine, pour rapporter qui un plateau, qui une carafe de jus de fruits, qui un thermos de café. A l’instar de Marie-Thérèse que nous retrouvons les mains dans l’eau de vaisselle. «On peut te prendre en photo ? » lui demande Christine. Éclat de rire. Au comptoir, Nicole et Françoise, les « dames tartines », elles aussi ont le sourire aux lèvres. 


« Nous avons instauré un système de roulement, nous autorisons 25 personnes maximum dans les deux salles, pour éviter que tout le monde se bouscule » précise Christine, « la seule condition pour recevoir un repas est de donner son nom à l’accueil ». Aujourd’hui c’est Karim, ancien bénéficiaire, qui occupe le poste. « Ce n’est pas courant mais ça arrive » confie Christine. Car pas facile de passer de l’autre côté de la barrière, de trouver le ton juste et l’attitude adéquate malgré toute la bonne volonté.

L’Accueil Botanique continue de grandir

Christine entreprend donc de nous faire visiter cette fourmilière où se relaie chaque semaine une cinquantaine de bénévoles, en plus des quatre employés temps plein, assistants sociaux et éducateurs. Sans compter les intervenants extérieurs qui prodiguent notamment des soins médicaux  comme Monia, la pédicure, ou assurent une permanence juridique. Depuis bientôt trente ans, l’Accueil Botanique maintient le cap, et parvient même à étendre sa gamme de services : récemment, une douche et une laverie ont été mises à disposition des personnes précarisées. 

Progressant à travers le dédale des pièces, nous poursuivons notre visite aux étages dans le vestiaire aux prix défiants toute concurrence, alimenté par des dons privés et très sollicité en hiver. Adélaide et Josepha sont à l’ouvrage pour trier et étiquetter les vêtements. « Nous essayons de mettre quelques vêtements de côté pendant l’année pour anticiper le plan grand froid, mais l’autre jour encore, une personne s’est présentée sans chaussures. Parfois, ils arrivent tout trempés. Alors nous les aidons sans contrepartie » raconte Christine. 

Sur le palier en face, nous découvrons la petite brocante, où bien rangés sur des étagères, attendent tasses, assiettes et divers objets de ménage. De quoi démarrer une installation pour celui ou celle qui (re)trouve un logement. « Ce sont vraiment des petits objets à touts petits prix » insiste Christine. Au tout dernier étage, nous découvrons encore deux pièces renfermant encore livres et jouets. 

 Malgré les difficultés, toujours plus de projets  

Tous les jours, une trentaine de colis sont également préparés par les équipes et distribués dans l’après-midi. Monique et Joëlle s’affairent autour des frigos, l’une répondant au téléphone à un livreur, l’autre vérifiant l’inventaire. Des produits frais, de la farine, des pâtes, des conserves mais aussi des produits de première nécessité comme du dentifrice et même des couches culottes. Car, oui, le public qui franchit la porte de l’Accueil est très varié, des hommes, des femmes, jeunes ou moins jeunes, aux origines ethniques diverses, des sans-abris ou des personnes en situation de très grande précarité. Une population bigarrée et parfois des liens qui se tissent entre bénéficiaires autour d’un café. 

Livrée quotidiennement, la nourriture provient essentiellement de la Banque alimentaire et le Panier solidaire. Cette autre asbl récolte les invendus dans les grandes surfaces et cherche également des subsides pour agrémenter les colis. « Dans le frais, on laisse le choix » explique Christine en nous présentant l’assortiment du jour : mandarines, poivrons, carottes …

Dans les derniers projets réalisés par l’asbl, le jardin potager. « Nous avons abattu le sapin qui faisait beaucoup d’ombre, et avec l’aide d’un paysagiste à la retraite, nous avons mis sur pied ce potager qui est entretenu par les bénéficiaires encadrés par un éducateur ». A terme, Christine espère que ceux-ci pourront profiter du fruit de leur travail en emportant leur récolte, si la (très) stricte règlementation de l’AFSCA les y autorise. Elle imagine aussi organiser un  atelier cuisine … Son enthousiasme force l’admiration. Et sa volonté de fer en désarme plus d’un apparemment. Mais il en faut de la poigne pour faire tourner la boutique.

Car malgré une logistique bien rôdée et une solide équipe de bénévoles, la survie de l’asbl reste fragile. Un petit grain de sable peut rapidement enrouer la machine. « Si l’un des permanents tombe malade, ça devient tout de suite très compliqué ». Des étudiants en dernière année de cursus viennent parfois prêter main forte. De jeunes avocats aussi. En observant les va-et-vient, en passant la tête derrière chaque porte, on comprend vite combien l’attention accordée et les services offerts à tous les bénéficiaires sont essentiels. Et doivent perdurer.

Sophie DELHALLE 

L’asbl Accueil Botanique est à la recherche de bénévoles. SI vous avez un peu de votre temps à leur consacrer, n’hésitez pas à vous manifester au 04/221.28.80 ou par mail via clssbota@gmail.com 

Si vous souhaitez faire un don, vous pouvez effectuer un versement sur le compte Caritas BE04 2400 80076231 avec en communication: bota 732 341.