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Comme nous l’avions déjà annoncé, à partir de ce 13 mars, l’église Saint-Pholien devient un écrin immersif pour une durée de cinq ans. Exhibition Hub, la firme bruxelloise porteuse du projet, espère attirer 100 000 visiteurs avec cette première exposition consacrée au peintre Monet (1840-1926). 

Sommes-nous à Liège ou à Venise ? L’exposition immersive sur Monet à l’église Saint-Pholien vous transporte dans les décors qui ont inspiré le peintre. 

Pour les cinq prochaines années, l’église Saint-Pholien a donc pour nouvelle vocation d’accueillir des expositions immersives mais aussi des expositions d’art plus classiques, a notamment expliqué Hamza El Azhar, co-fondateur de Exhibition Hub. Cette firme bruxelloise compte aujourd’hui 32 sites d’exploitation sur quatre continents où elle propose des expériences d’art immersives – Frida Kahlo, Klimt et Magritte font partie de leur catalogue – mais aussi des concepts plus ludiques comme Bubble planet, à Bruxelles, destiné au très jeune public. En Belgique, Exhibition Hub est désormais présent à Bruxelles, Liège et Anvers. 

Une porte d’entrée 

Pour Hamza El Azhar, avec ce nouveau projet liégeois, l’intérêt était de ramener la culture dans une église. L’église Saint-Pholien a séduit par le volume exploitable et sa situation centrale.

Exhibition Hub proposera deux expositions par an, et pas seulement immersives, annonce le PDG, à l’image de l’exposition “A world of brick” présentée fin 2023 à la Gare de Liège-Guillemins. Il s’agira donc plutôt d’art contemporain. 

A ceux qui critiquent cette forme de digitalisation de l’art, Hamza El Azhar répondra que “les expositions immersives ont pour objectif de toucher un public qui ne s’intéresse pas d’emblée à l’art”, et donc de “rendre l’art accessible et attirant par une approche différente”. 

Au vu du succès remporté par l’exposition sur Van Gogh, celle-ci pourrait être la prochaine à s’installer à l’église Saint-Pholien, après Monet. Le travail de sélection des œuvres digitalisées pour les besoins de l’exposition immersives est réalisé avec des personnes qualifiées, assure Hamza EL Azhar, qui rappelle aussi que les œuvres de Monet et Van Gogh sont aujourd’hui tombées dans le domaine public. 

La culture ne chasse pas le culte 

Le curé-doyen de Saint-Pholien, Jean-Pierre Pire, était également présent pour cette présentation à la presse. Il a exprimé sa grande satisfaction d’avoir pu conclure ce partenariat avec Exhibition Hub qui occupe les lieux “gratuitement” en échange de l’installation d’un nouveau chauffage et de la garantie d’entretenir les lieux par d’éventuels nouveaux travaux, notamment au niveau de la toiture. Un échange de bons procédés, estime le doyen qui a aussi rappelé que le chœur et la sacristie restent affectés au culte, les célébrations pourront donc encore s’y tenir avec une centaine de personnes. Afin d’éviter tout désagrément, deux portes d’entrée bien distinctes donnent accès soit à l’exposition soit à la partie réservée au culte. 

En terme d’ambition, Exhibition Hub voudrait atteindre le seuil des 100 000 visiteurs ; en comparaison, les précédentes expositions bruxelloises ont comptabilisé entre 150 et 200 000 entrées. La firme compte bien drainer un large public, pas seulement liégeois, aussi frontalier. Selon les termes du contrat, l’exploitant pourrait quitter les lieux avant terme si le succès n’était pas au rendez-vous, et inversement, une prolongation n’est pas exclue en cas de réussite, a laissé entendre le curé-doyen.  

Bain de lumière 

Qu’avons-nous pensé de cette expérience immersive dans l’oeuvre de Monet, chef de file des impressionnistes ? La première partie de l’exposition présente quelques panneaux explicatifs sur les caractéristiques et la nouveauté du style de Claude Monet, sa manière de traiter le mouvement, les couleurs, les effets optiques, … Vous découvrirez aussi son goût pour les voyages avant de pénétrer dans le vaste atelier du peintre.

 Ensuite, vous effectuerez une première plongée dans le décor luxuriant du jardin de Giverny, où le peintre a largement puisé son inspiration pour son célèbre “Bassin aux nymphéas”, réalisé en 1899 et aujourd’hui conservé au Musée d’Orsay. Dans l’étendue aquatique virtuelle, vous pourrez vous perdre dans l’observation des poissons et libellules qui évoluent entre les nénuphars.

Ensuite, vous entrerez dans la dernière partie de l’exposition (mais pas de l’expérience), vous prendrez place dans l’une des chaises longues (qui seront bientôt prises d’assaut) au coeur d’un immense cube (sans toit, ce qui permet de conserver une vue sur les voutes de l’église), vous vous y laisserez bercer par la musique et les tableaux du peintre qui prennent littéralement vie sous vos yeux. Ce procédé a pour principal mérite d’amplifier le mouvement et la lumière déjà bien présents dans les œuvres originales. La projection fait défiler sous nos yeux non seulement les toiles du génie impressionniste mais aussi les décors qui les ont inspirées: bienvenue à Giverny, où le peintre a vécu, ou à la gare Saint-Lazare dont les locomotives bruyantes et fumantes fascinaient l’artiste, ou encore à Venise dont Monet a voulu reproduire la si douce lumière. Comme par magie, c’est aussi donc l’église qui s’habille de lumière, avec ses colonnes apparentes qui se dressent tel un cadre pour mettre en valeur les œuvres de Monet. 
Si nous devions pointer une faiblesse, ce serait l’absence de récit et de fil conducteur dans la scénographie. 

Vivre l’art de l’intérieur

Cette plongée dans l’œuvre et les décors qui l’ont inspirée nous aide peut-être à mieux percevoir et comprendre l’originalité du peintre, son travail des couleurs, de la lumière, du mouvement qui habitent ses toiles. On aurait aussi presque envie de prendre le large, baigné dans ce décor aquatique, avec ce bruit de fond des vagues et le cri perçant des mouettes. Le voyage ne s’arrête pourtant pas là ; dans la salle suivante, la dernière de l’exposition, il vous sera proposé de plonger plus encore dans l’oeuvre de Monet avec des casque de réalité virtuelle. A nouveau, c’est une invitation à prendre le large que nous vous laisserons le soin de découvrir … 

Si l’expérience digitale offre une perception tout à fait neuve et immersive de l’œuvre d’un artiste, elle ne pourra jamais remplacer la contemplation de l’œuvre physique. Gageons que cette expérience puisse surtout donner envie au grand public de franchir la porte des musées (bien réels!) pour admirer in situ les toiles de Monet. La copie ne serait rien sans l’original ! 

Infos pratiques 

Église catholique Saint-Pholien
Rue St Pholien 9
4020 Liège

Tickets à partir de 12,90€
Billetterie : https://monetexpo.com/liege/fr/

🕛 Durée totale du parcours : 1h30 environ
👧 Enfants admis 
🦽 Accessible aux personnes à mobilité réduite

Texte: Sophie DELHALLE