Mère de trois enfants, l’auteure Agnès Charlemagne forme des animateurs en pastorale et anime de nombreux ateliers dans les écoles et aumôneries françaises. Nous avons profité de son passage en Belgique pour la questionner sur les enjeux de la pastorale des jeunes dont elle a fait sa spécialité.
Fin mars, Agnès Charlemagne a rendu visite au Service Diocésain des jeunes, ils ont échangé et elle leur a présenté son guide d’éveil spirituel “Que cherchez-vous ?” (c) Aurélie Havelange
Lorsque Agnès Charlemagne, son mari et ses enfants habitaient aux Pays-Bas, ceux-ci fréquentaient une école utilisant la pédagogie Montessori qui vise l’autonomie dans les apprentissages en respectant le rythme de l’élève. De retour en France, ses enfants ressentent immédiatement un décalage avec leur ancien système scolaire, ”nous ne comprenons pas ce que nous apprenons et il n’y a pas de liens entre les matières”. Suite à cette expérience, Agnès Charlemagne décide d’appliquer les principes Montessori à la transmission de la foi pour que, dans ses ateliers, l’enfant soit acteur d’un éveil spirituel qui parle de sa vie.
Une parole qui rebondit
Les formations proposées par Agnès Charlemagne s’adressent à tous les publics et pour tous les âges. Pour atteindre les jeunes, il est nécessaire de parler de ce qui les intéresse et ainsi mettre en évidence que la Bible est à sous-titrer à chaque génération. “C’est passionnant de se rendre compte que ces écrits ancestraux me parlent personnellement et aussi à mon voisin mais différemment. La parole rebondit” soulève-t-elle. Sa méthode, Agnès Charlemagne l’a baptisée “T’es où ?” (Salvator, 2015), elle découle de son expérience sur le terrain avec des jeunes, au-delà des convictions chrétiennes.
Un dialogue source d’étonnement
Lors des ateliers, il y a toujours de l’étonnement chez les participants, parfois déstabilisés, qui découvrent la nécessité de creuser leurs questions avant de chercher une réponse trop formatée. D’ailleurs, de son intervention au Congrès Mission à la mi-mars, Agnès Charlemagne retiendra cette phrase d’un jeune adulte à la fin de son animation : “Mais alors toutes les réponses sont bonnes”. “C’est cette curiosité que j’ai voulu susciter en mettant en dialogue dans ma méthode les trois sources que sont la parole des jeunes, la parole biblique et la tradition de l’Eglise. Pour les faire interagir sans cesse l’un avec les autres dans l’écho de la vie quotidienne”.
Après dix-huit ans de travail auprès d’adultes et d’enfants, elle conçoit un parcours d’éveil spirituel “Que cherchez-vous ? ” (CRER Bayard, 2023), qui comporte deux manuels, un pour les animateurs et l’autre pour les jeunes. “Je l’ai écrit pour tous les adultes qui cherchent comment transmettre la foi chrétienne au sein d’un mouvement de jeunesse, à l’école…” précise l’auteure. Leur apprendre à accompagner les jeunes dans leur questionnement et les encourager à chercher par eux-mêmes.
Pas un cours magistral
Dans son guide à destination des jeunes, plusieurs pages ont été laissées volontairement blanches pour permettre aux jeunes de s’exprimer sur l’une ou l’autre thématique. “C’est comme un journal de bord du chemin spirituel, l’objectif est de laisser une trace” mentionne Agnès. Une partie des phrases écrites dans son manuel sont des témoignages vécus lors de ses ateliers. Et pour l’auteure, ces messages génèrent beaucoup de réactions.
Dans son guide pour les animateurs, les premières pages reprennent tout d’abord quelques précieux conseils pour animer un temps de parole : ne pas céder à la tentation de répondre d’emblée aux questions, comment et pourquoi donner de la voix aux jeunes, un atelier n’est pas un cours magistral… Les jeunes doivent rester actifs et acteurs tandis que l’animateur reçoit leurs paroles et les aide à les mettre en résonance avec la Bible.
Prochainement, un jeu de cartes “Playspi, à toi la parole” (éditions Bibli’o, 2024) devrait également voir le jour. Chaque joueur reçoit trois cartes de phrases percutantes, trois cartes de passages bibliques et trois cartes de ressources théologiques. À tour de rôle, les joueurs mettent les cartes en vis-à-vis et argumentent leur choix. Au recto des cartes, des illustrations pour les plus petits car, comme Agnès Charlemagne le dit si bien, “il n’y a pas d’âge dans la foi”.
Texte: Aurélie HAVELANGE