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Nous vous avions promis de vous dévoiler chaque mois une pépite de nos archives diocésaines. Pour cette deuxième découverte, il s’agit encore d’un album photographique, de la même époque que l’album conciliaire présenté en janvier. Mais après avoir fait un tour du monde, nous revenons en terre liégeoise avec un panorama des maisons d’éducation. 

Certains d’entre vous seront peut-être émus de découvrir les lieux où ils ont poursuivi leur scolarité à une époque où religieux et religieuses constituaient encore la totalité du corps professoral. Cet album intitulé “Diocèse de Liège. Maisons d’éducation. 1874-1875” a plus que probablement été offert à Mgr de Montpellier, évêque de Liège depuis 1852, par l’imprimeur Bretagne et David, comme en témoigne la dédicace manuscrite. Ce répertoire photographique nous fait remonter le temps à une époque où Saint-Trond, encore rattaché au diocèse de Liège, abritait le Petit séminaire et aussi l’Ecole normale. Dans ce panorama, nous découvrons les visages figés de futurs prêtres, enseignants mais aussi de religieuses.

>>> Retrouvez le premier volet de la série sur les pépites des archives : A quoi ressemblaient les évêques belges du concile Vatican I ?

Petit et Grand Séminaires, quelle différence ? 

Fondé par le prince-évêque Ernest de Bavière le 19 avril 1589, le Petit Séminaire – qui occupe l’ancienne abbaye bénédictine du 9e siècle – préparait les jeunes gens à entrer au Grand Séminaire de Liège qui sera fondé le 28 mai 1592. Dès son ouverture, il attire grand nombre d’étudiants (plus de 300) mais qui ne se destinaient pas tous à une carrière ecclésiastique. C’est la première fois qu’il y a dans les anciens Pays-Bas un dédoublement du séminaire en deux sections. Liège se pose en exemple dans ce domaine. Le Petit Séminaire assurait la formation philosophique, la théologie étant dispensée au Grand Séminaire. 


Photographie de classe des séminaristes en formation à Saint-Trond en 1874-1875 (c) Sophie DELHALLE

De 1797 à 1817, les séminaires sont interdits par le régime français. En 1820, ouverture d’un petit Petit Séminaire de Saint-Roch à Ferrières (enseignement des humanités). A la naissance de la Belgique, les séminaristes étudient la philosophie à Rolduc. Avec la cession du Limbourg hollandais en 1839, le Séminaire de Rolduc au profit du Petit Séminaire à Saint-Trond (dans l’ancienne abbaye). La situation se maintient jusqu’en 1967, lors de la création du diocèse de Hasselt. Les séminaristes limbourgeois fréquenteront désormais le séminaire de Hasselt, les séminaristes francophones restent à Saint-Trond jusqu’à la fermeture définitive en 1973. Les bâtiments sont occupés aujourd’hui par un collège diocésain néerlandophone dépendant du diocèse de Hasselt.

De Liège à Hasselt, en passant par Huy 

Quels sont les établissements d’enseignement catholique sur le vaste territoire du diocèse ? A Liège, le collège Saint-Servais, les Soeurs Notre Dame rue Puits-en-Sock et rue de l’Université, les bénédictines, les Soeurs de Sainte-Marie, les Dames de l’Instruction chrétienne. Des religieuses également présentes à Visé, Verviers et Huy. Figure également le Collège Saint-François-Xavier de Verviers.

L’album reprend aussi les établissements situés dans l’actuel diocèse de Hasselt : Dames de la Providence de Diest, Dames de l’Enfant-Jésus à Hasselt, les bénédictines de Tongres, les Dames de la Charité de Looz, …
Les pages réservées au collège Saint-Quirin de Huy et à l’Ecole moyenne catholique de Waremme sont malheureusement vides. Pas de trace non plus ni mention du collège de Herve, de l’Institut Saint-Remacle de Stavelot ou du Petit séminaire de Saint-Roch Ferrières. 

A nouveau, très peu d’informations sur cette pièce unique, extraite du Fonds de Montpellier, qui n’est pas le plus fourni. L’évêque a-t-il commandé cet album? Dans quel but? La photographie en est à ses tout débuts. Avait-il déjà la conscience de laisser une trace photographique des oeuvres d’éducation catholique dans le diocèse pour les historiens du futur ? Une forme de propagande dans le contexte tendu qui verra éclater la première guerre scolaire entre 1879 et 1884 ? Aucun document ne permet de trancher sur les intentions du commanditaire: qui et pourquoi ces clichés ont été réalisés et rassemblés vers la fin de l’épiscopat de Mgr de Montpellier(1852-1879) est impossible à déterminer dans l’état actuel des connaissances. Les archives, si elles ont été conservées, de l’imprimeur, nous en apprendraient peut-être plus. 


Mgr de Montpellier, évêque de Liège de 1852 à 1879, et son conseil épiscopal, prennent la pose dans le jardin de sa résidence. (c) Sophie DELHALLE

 Pour un aperçu des photos compilées dans l’album des écoles catholiques, voir la galerie en fin d’article ci-dessous.

Brève histoire des archives du diocèse de Liège

Le dépôt conserve des fonds anciens essentiellement constitués par les documents déposés à la cathédrale et par le séminaire, ainsi que par les archives qui concernent l’administration du diocèse sous l’Ancien régime. Les fonds modernes rassemblent les archives diocésaines postérieures au Concordat de 1801. Les fonds épiscopaux modernes sont accessibles aux chercheurs après un délai de 30 ans calculé à partir du décès de l’évêque.

Le projet de créer un dépôt d’archives à l’Evêché vit le jour à l’aube du XXe siècle. Après s’être perfectionné en paléographie au cours d’un séjour aux Archives vaticanes, un jeune clerc liégeois, J. Govaerts (décédé en 1971) est désigné pour s’occuper des archives diocésaines en 1923. La seconde guerre mondiale a causé de sérieux dommages à certaines collections, mais le projet de classement des archives se poursuit et un secrétaire de l’évêché, l’abbé André Deblon, est détaché au service des archives en 1973.

Les archives contemporaines sont maintenant regroupées selon les épiscopats et constituent autant de fonds modernes dont l’abbé Deblon a réalisé l’inventaire minutieux. L’oeuvre de classement continue avec l’arrivée de nouvelles archives notamment liées aux différents vicariats. Des archives particulières sont également déposées, et prennent place aux côtés de la collection iconographique, des cartes et plans et de bien d’autres trésors, sources inestimables pour raconter l’histoire de notre diocèse. Une partie de ces archives numérisées est accessible en ligne, il s’agit des mandements épiscopaux émis sous l’Ancien régime (couvrant la période 1580-1803).

Toute demande de consultation doit être adressée à l’archiviste Christian Dury, archives@evechedeliege.be ou 04/230.31.67 (mardi, jeudi, samedi de 9h à 12h30).

Auriez-vous reconnu ces différents lieux ? Encore plus de photos sur notre

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Collège Saint-Servais


Bénédictines Liège


Collège SFX Verviers


Soeurs Notre Dame Visé

Texte: Sophie DELHALLE avec la collaboration d’Yves Charlier, directeur de la Bibliothèque du Séminaire et Christian Dury, archiviste diocésain