Cette année, le dimanche de la Parole de Dieu (3e dimanche du temps ordinaire de la liturgie) revêt une tonalité particulière, celle de l’année jubilaire 2025 sur le thème "Pèlerins de l’espérance". Nous sommes invités à célébrer ce dimanche de la Parole de Dieu (26 janvier 2025), comme un Jubilé, en résonance à la prière du psalmiste qui crie vers Dieu : "J’espère en ta parole" (Ps 119,74).
Dans la société actuelle, le sens courant du mot "jubilé" renvoie à une "fête à l’occasion d’un cinquantième anniversaire" en relation à un événement marquant de la vie (naissance, mariage, entrée en fonction, etc.). Dans ce cas, l’initiative d’un jubilé vient des personnes concernées ou de leur entourage et consiste à souligner une étape accomplie. Savons-nous que cette notion de "jubilé" trouve son origine dans la Bible, où Dieu nous invite à célébrer une "année jubilaire" tous les cinquante ans ? L’ensemble du chapitre 25 du livre du Lévitique, à partir du verset 8, est consacré à ce sujet. Ici, Dieu est reconnu comme celui qui convoque à un jubilé. Celui-ci est perçu comme une célébration qui engage à un tournant, visant à restaurer la juste place de chaque personne en relation aux autres et plus fondamentalement en vis-à-vis de Dieu, sur la manière d’habiter la terre.
Parabole des deux maisons
Au Service biblique du diocèse de Liège, nous nous préparons à cette grande fête à partir de la parabole des deux maisons, telle que Jésus la raconte en Luc 6,46-49. Nous vous proposons cette traduction : Pourquoi m’appelez-vous "Seigneur ! Seigneur !" et ne faites-vous pas ce que je dis ? Tout être humain qui vient vers moi, écoute mes paroles et les fait, je vous montrerai à qui il est comparable. Il est comparable à un être humain qui bâtit une maison. Il creuse, va profond et pose les fondations sur le roc. Une inondation advient, le fleuve se rue contre cette maison et ne peut pas l’ébranler car elle est bien bâtie. Or qui écoute et ne fait pas est comparable à un être humain qui bâtit une maison sur la terre, sans fondation. Le fleuve se rue contre elle. Aussitôt elle s’écroule et la destruction de cette maison est devenue grande.
Dans cette parabole, l’enjeu fondamental ne porte pas sur le fait d’écouter ou non les paroles de Jésus, mais sur le mouvement qui précède cette écoute et sur son impact.
Dans les deux cas, chacun écoute et agit en construisant une maison. Le premier commence par se déplacer pour venir auprès de Jésus. Il écoute et, manifestement, se laisse interpeller. Il creuse jusqu’au fond, jusqu’à ce qu’il trouve "le" roc. Or, rien ne garantit d’avance de le trouver là où il creuse. Il s’appuie sur les paroles reçues de quelqu’un en qui il a confiance. Sur la parole de ce dernier, il entreprend une démarche qui pourrait sembler risquée ou du moins une perte de temps et d’énergie.
Au moment de faire face à l’épreuve, il a été confirmé dans son choix. Le seconde écoute, sans d’abord changer de position ou de posture pour se rapprocher de Jésus en vue de l’accueillir vraiment. Il se lance directement à ériger les murs et ne semble pas être impacté par les paroles qu’il a entendues pour faire autrement. Son but se limite à atteindre son objectif concret : disposer d’une maison, sans prendre le temps de soigner les fondements. Il écoute et il passe à autre chose. Il en fait à sa tête et se trouve perdant face aux contrariétés de la vie ! Et nous, quand nous arrive-t-il de méditer la Parole de Dieu, aussi bien personnellement que collectivement (en équipe pastorale, en communauté chrétienne), puis de reconnaître une ouverture intérieure à une action ou à une attitude qui impliquent pour nous un dépassement ?
Et osons-nous alors cheminer dans ce sens ? A l’inverse, quand nous arrive-t-il d’écouter la Parole de Dieu sans nous laisser remettre en question ? Quand nous arrive-t-il de réaliser nos projets avec les meilleures intentions du monde, sans nous laisser déranger par la Parole de Dieu, comme si nous savions d’avance ce que Dieu veut pour nous ? Pourquoi m’appelez-vous "Seigneur ! Seigneur !" et ne faites-vous pas ce que je dis ? (Luc 6,46).
Marie de Lovinfosse (responsable du Service biblique et déléguée épiscopale du vicariat Chemins de mission), en collaboration avec Sabine Wuestenbergh (adjointe du Service)