L'exposition des brevets d'art de Saint-Luc se tiendra du 28 mars au 1er avril 2025, dans la grande chapelle de Saint-Luc Tournai. Un événement hors de notre diocèse, mais qui met tout de même en lumière des talents bien de chez nous !

Cet événement réunit les brevets d’art de tous les étudiants des établissements des Écoles supérieures des arts Saint-Luc, fondées par la Congrégation des Frères des Écoles chrétiennes en 1863. Chaque année, l’exposition déménage de ville en ville, en alternance entre Bruxelles, Mons, Liège et Tournai. En 2025, elle investit le "Poudlard des Saint-Luc", c’est-à-dire les édifices néo-gothiques de l’implantation de Tournai.
Une oreille attentive
Afin de mieux comprendre l'importance de cette exposition et le rôle de l'enseignement dans l'épanouissement des jeunes artistes, j'ai interrogé l’artiste bruxelloise Annick Lizein sur son rôle de professeure à Saint-Luc Liège. Ancienne élève de Saint-Luc, elle me confie : « J'ai senti qu’un nouveau monde s'ouvrait à moi », un ressenti qu’elle a éprouvé durant cette époque qui l’a marquée. Une fois à l’âge adulte, elle a obtenu son diplôme d’aptitude pédagogique pour entrer dans l’enseignement, avant de débuter sa carrière de professeure dix ans plus tard. Je l’ai interrogée sur la manière dont elle encourageait ses élèves à affirmer leur identité artistique tout au long de leur parcours. Annick Lizein me dit qu’elle insiste sur la volonté qu’elle a de donner confiance à ses élèves et de leur montrer qu’ils sont légitimes de s’exprimer : « Croire en ce qu’on fait, c’est primordial. Chaque élève a quelque chose d’unique à exprimer, mon rôle est de les aider à explorer leur singularité ». Elle conçoit l’enseignement comme une main tendue, une oreille attentive ou encore comme un regard bienveillant qui guiderait les élèves à sortir de leur zone de confort. En voyant le positif dans chacun de ces futurs artistes, elle les incite à explorer la riche diversité de l’art.
Une évolution constante
« Aujourd’hui, l’art s’ouvre et ne se limite plus qu’à un seul médium. Les artistes explorent la vidéo, le numérique, l’éphémère. L’art quitte les musées et ne se retrouve plus réservé à une élite ». C’est ainsi qu’Annick Lizein perçoit l’évolution des pratiques artistiques chez les jeunes générations. Dans cette même logique d’ouverture, Annick Lizein évoque son voyage au Vietnam où elle a été surprise par la culture locale. Là-bas, me dit-elle, l’art est présent partout, sous diverses formes, et surtout, accessible à tous. Une réalité qui fait écho à l’évolution plus large qu’elle observe dans son domaine. Car pour elle, le monde artistique est en perpétuelle transformation. Une évolution qui nous pousse à réfléchir sur notre savoir-faire, marquant la fin d’une ère plutôt classique et nous invitant à rester ouvert·es à de nouvelles possibilités.
Cheminement vers le printemps
Cette exposition peut être une source d'inspiration pour les futurs étudiants en art. D’après elle, l’exposition des brevets d’art est une belle opportunité pour les futurs étudiants : « Elle permet de mesurer le niveau atteint par des élèves de secondaire et de se projeter dans un parcours artistique ». La professeure met en avant l’énergie très particulière de cette fin de secondaire : « La fin d’humanité artistique, c’est comme le printemps : rien n’est encore complètement abouti, mais tout est en germination. Cette exposition marque la fin d’un cycle et le début d’un nouveau cheminement vers les études supérieures ou la vie professionnelle ».
Des enseignements riches
Étant une ancienne élève de Saint-Luc, ces paroles font écho à mon expérience. Je suis entrée dans cette école alors que je venais de passer la période de confinement à dessiner et à imaginer toutes sortes de mondes et merveilles. J’ai intégré cette école avec des rêves plein la tête et une volonté inébranlable de m’améliorer dans le dessin. Au début, cela n’a pas été évident de me retrouver face à l’immensité du monde artistique, je me suis retrouvée confrontée à une multitude de techniques, des cours très théoriques, d’autres pratiques et, surtout, je n’étais pas la seule à savoir dessiner. Mais ce qui m’a profondément marquée, encore jusqu’à aujourd’hui, ce sont sans aucun doute mes professeurs. J’ai eu la chance d’avoir des professeurs passionnés par leur travail, qui m’ont toujours incitée à me dépasser et à voir la vie comme une perpétuelle évolution. Je repense à cette professeure de français qui a toujours souligné l’importance des mots. À ce professeur de mathématiques qui m’a appris à persévérer quand je n’arrivais pas à résoudre certaines équations. À mon professeur de religion qui m’a aidée à extérioriser ce que je n’arrivais pas à prononcer à voix haute. Ou encore à tous les professeurs de mes cours artistiques, qui m’ont appris à ne jamais rien tenir pour acquis et à continuellement me surpasser. Aujourd’hui, étant moi-même exposante à cette exposition, je leur suis reconnaissante car je ne serais pas arrivée là sans les fruits de leurs enseignements.
Lou-Zia BORCEUX