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Tradition présente dans les monuments, églises et bâtiments historiques, mais aussi dans des textes médiévaux, le chronogramme est un art aussi poétique que subtil. Que cachent ces énigmatiques inscriptions, et comment les interpréter ?

Qu’est-ce qu’un chronogramme ?

Le mot lui-même nous révèle sa signification grâce à son origine : « chronogramme » vient du grec « χρόνος » (chronos, temps) et « γράμμα» (gramma, écriture). On pourrait donc le définir comme « des lettres qui révèlent une date », c’est-à-dire que certaines lettres d’une phrase ou d’un texte se voient attribuer une valeur numérique et sont mises en évidence (en majuscule par exemple) afin de les additionner et arriver à un nombre, le plus souvent une date. 

Bien que la littérature latine du Moyen Âge soit la plus riche en chronogrammes, on en trouve également en allemand, néerlandais, français, anglais, et même hongrois. Ils sont particulièrement répandus en Orient, où il existe plusieurs livres en persan sur l'art de construire un « ta'rikh », l'équivalent persan du "chronogramme". Ils sont également très populaires parmi les Juifs, car ils constituent une variété de la « Gemaṭria », une forme d'exégèse propre à la Bible hébraïque dans laquelle on additionne la valeur numérique des lettres et des phrases afin de les interpréter.

Dans nos régions, les chronogrammes les plus fréquents sont ceux en latin et français, qui utilisent les valeurs des chiffres romains (c’est-à-dire : M = 1000, D = 500, C = 100, L = 50, X = 10, V = 5, I = 1). Pour décoder un chronogramme utilisant ce système, il suffira donc d’additionner la valeur des lettres romaines mises en majuscule.

Ci-dessous, un petit exemple pour illustrer l’explication : la chapelle du Calvaire de Boussu-Lez-Walcourt, que l'on peut dater comme étant de 1833 grâce à son chronogramme.

Les chronogrammes du Père Scheuer

En vous promenant à Banneux, vous avez peut-être déjà aperçu ces mystérieux messages aux lettres mises en évidence. Ces chronogrammes sont l’œuvre du Père Scheuer, métaphysicien et éminent professeur de philosophie au scolasticat de Louvain, qui a travaillé sur les apparitions de Banneux dès 1933. Il s’est rapidement attaché à étudier le message des apparitions afin d’en révéler le sens, et y a ajouté une dimension poétique en créant un rosaire de chronogrammes, tous symbolisant l’année des apparitions, 1933. Petite particularité propre à l'auteur: celui-ci donne au Y (équivalent de 2 I) la valeur de 2 unités. Anecdote intéressante à prendre en compte lors de votre prochaine visite du sanctuaire, si vous voulez tenter de décoder ces messages ! 

Si vous souhaitez en savoir plus sur les chronogrammes du sanctuaire de Banneux, il vous reste jusqu'au lundi 7 octobre pour visiter l'exposition qui leur est consacrée à l'église du Saint-Sacrement à Liège. 
Informations et heures de visites : http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com/

C. D.